Au Maroc, 37 morts dans les pires inondations de la dernière décennie
Trente-sept personnes sont mortes dimanche à Safi, sur la côte atlantique du Maroc, à la suite de crues soudaines et d'inondations, le plus lourd bilan de la dernière décennie pour des intempéries de ce type au Maroc.
Quatorze personnes ont été blessées et sont "actuellement soignées à l'hôpital Mohammed V de Safi, dont deux en soins intensifs", ont indiqué lundi des responsables de la province de Safi dans un communiqué, ajoutant poursuivre les opérations de recherche et d'assistance aux sinistrés.
Cette ville, située à environ 300 kilomètres au sud de Rabat, a été touchée dimanche par de "très fortes précipitations orageuses" ayant "provoqué des écoulements torrentiels exceptionnels" en l'espace "d'une heure", selon la même source.
Les images circulant sur les réseaux sociaux montrent un torrent d'eau boueuse qui dévale les rues de Safi, emportant sur son passage voitures et poubelles. Sur d'autres, on voit un mausolée à moitié submergé et des embarcations de la Protection civile en intervention pour secourir des résidents et déblayer les débris.
"J'ai perdu tous mes vêtements, ma voisine m'en a donné pour me couvrir. Je n'ai plus rien. J'espère que les autorités ou des bienfaiteurs m'aideront", a témoigné auprès de l'AFP une habitante qui a préféré taire son identité.
Encore traumatisée, elle raconte que lorsque sa maison a été inondée, "quelqu'un lui a crié: sors d'ici, tu vas mourir". "J'ai vu qu'il y avait beaucoup d'eau, je me suis enfuie", dit-elle.
Dans la vieille ville lundi matin, l'eau avait reflué et les habitants dressaient un premier bilan des dégâts matériels.
"Les pertes sont considérables. Les bijoutiers ont perdu toute leur marchandise (...), pareil pour les propriétaires des magasins de vêtements", confie à l'AFP un commerçant de 55 ans, Abdelkader Mezraoui, 55 ans, qui espère "des indemnisations" face à des pertes "très importantes".
Le parquet national a annoncé l'ouverture d'une enquête pour "déterminer les causes de cet incident tragique et en élucider les circonstances".
- "Renforcer la vigilance" -
Dans les établissements scolaires de la province, les cours seront suspendus pour trois jours par "mesure préventive (...) afin de veiller à la sécurité des élèves", selon l'antenne locale du ministère de l'Education nationale, citée par l'agence marocaine MAP.
Le secouriste Azzedine Kattane évoque auprès de l'AFP le fort "impact psychologique du drame" face à un lourd bilan humain, faisant aussi état d'importants dégâts matériels, avec "des magasins inondés" ainsi qu'un parking.
Sur les images tournées en soirée, le reflux des eaux a laissé derrière lui un paysage de boue et de voitures renversées.
Au Maroc, l'automne est normalement marqué par une diminution des températures, mais le réchauffement climatique limite désormais cette baisse, tout en maintenant une forte humidité et une évaporation héritées de l'été. Cette combinaison augmente le risque d'averses intenses, selon des experts.
Les autorités régionales ont souligné lundi "la nécessité de renforcer la vigilance, d'adopter les plus grandes précautions et de respecter les mesures de sécurité, compte tenu des fluctuations climatiques extrêmes que connaît notre pays".
En septembre 2024, de fortes intempéries avaient provoqué des inondations dans le sud et le sud-est, causant la mort de 18 personnes. En novembre 2014, au moins 32 personnes avaient péri dans le sud à la suite de violentes précipitations ayant provoqué des crues de plusieurs rivières au pied des montagnes de l'Atlas.
Et plusieurs centaines de personnes avaient été tuées lors de terribles inondations en 1995 dans la vallée de l'Ourika, à 30 kilomètres au sud de Marrakech (centre).
Les crues soudaines, provoquées par des pluies torrentielles que le sol asséché ne peut pas absorber, ne sont pas rares. Mais selon la communauté scientifique, le changement climatique provoqué par l'activité humaine a rendu plus fréquents et plus intenses les événements météorologiques comme les crues, les sécheresses et les canicules.
A.Swartekop--HHA