Les alliés européens reçoivent Zelensky, mis sous pression par Trump
Volodymyr Zelensky a rejoint lundi à Londres ses alliés européens afin de consolider leurs positions sur un plan de règlement du conflit en Ukraine, après que Donald Trump a reproché au président ukrainien de "ne pas avoir lu" la dernière proposition américaine.
Ces discussions, qui réunissent les dirigeants français, allemand et britannique autour de M. Zelensky, ont démarré après 13H00 (locales et GMT). Elles interviennent après un nouveau round de négociations en fin de semaine dernière à Miami, en Floride, entre Ukrainiens et Américains.
Un haut responsable au fait des dernières discussions a indiqué à l'AFP que la question des concessions territoriales éventuelles de l'Ukraine restait "la plus problématique" dans ces négociations, qui visent à mettre fin au conflit déclenché par l'invasion russe de l'Ukraine en février 2022.
La Russie, qui contrôle plus de 80% du Donbass, veut obtenir l'ensemble de ce territoire, une demande maintes fois rejetée par Kiev.
"Je ne mettrai pas la pression sur le président" Zelensky, a prévenu lundi Keir Starmer, sur la chaîne ITV news. "Le plus important est d'arriver à une cessation des hostilités - j'espère que ce sera le cas - et qu'elle soit juste et durable, et c'est ce sur quoi nous allons nous concentrer cette après-midi", a-t-il ajouté.
La présidence française a elle indiqué vouloir lors de cette réunion consolider "une position euro-ukrainienne".
"A défaut de pouvoir immédiatement obtenir un accord de paix avec la Russie", il est "essentiel que nous donnions à l'Ukraine tout le soutien qui lui est nécessaire, pour qu'elle ne perde pas de position par défaut de soutien", a indiqué un conseiller d'Emmanuel Macron.
- Questions clés -
La question de l'utilisation des avoirs russes gelés en Europe pour financer l'Ukraine devrait aussi être discutée. Un porte-parole de Downing Street a dit lundi "espérer voir prochainement des avancées" sur le sujet.
L'exécutif européen a présenté un plan de recours aux avoirs russes gelés en Europe, mais il se heurte aux réticences de la Belgique car c'est dans ce pays qu'est basée la société Euroclear, qui détient quelque 210 milliards d'euros d'avoirs russes sur un total de 235 milliards dans l'UE.
Le président Zelensky se rendra ensuite dans la foulée à Bruxelles, pour rencontrer les responsables de l'Otan et de l'UE.
Au même moment, la cheffe de la diplomatie britannique, Yvette Cooper, est attendue à Washington pour rencontrer son homologue américain Marco Rubio, avec l'Ukraine également au menu.
Samedi, M. Zelensky avait indiqué avoir eu une conversation téléphonique "substantielle et constructive" avec les émissaires américains Steve Witkoff et Jared Kushner et ses propres négociateurs dépêchés en Floride.
"Les questions clés qui pourraient garantir la fin de l'effusion de sang" et "le risque que la Russie ne tienne pas ses promesses" ont été abordés, avait alors rapporté le président ukrainien.
De son côté, la diplomatie américaine a annoncé ce week-end s'être entendue avec l'Ukraine pour affirmer que "tout progrès réel vers un accord dépendait de la volonté de la Russie de s'engager sérieusement en faveur d'une paix durable".
- Trump "un peu déçu"
Depuis la présentation d'un plan américain il y a bientôt trois semaines, perçu comme très favorable à la Russie, les puissances européennes alliées de Kiev tentent de faire entendre leur voix.
Après une réunion entre Ukrainiens, Américains et Européens à Genève fin novembre, l'émissaire de Donald Trump, Steve Witkoff, et le gendre du président américain Jared Kushner ont été reçus la semaine dernière par le président russe Vladimir Poutine. Le Kremlin a évoqué certaines avancées, même s'il reste "beaucoup de travail".
"Nous avons donc parlé au président Poutine, nous avons parlé aux dirigeants ukrainiens - notamment Zelensky, le président Zelensky - et je dois dire que je suis un peu déçu que le président Zelensky n'ait pas encore lu la proposition", a lancé M. Trump.
"Cela convient à la Russie, vous savez je pense que la Russie préférerait avoir tout le pays", mais "je ne suis pas sûr que cela convienne à M. Zelensky", a ajouté le milliardaire républicain, qui s'est rapproché de Moscou depuis qu'il est revenu à la Maison Blanche il y a près d'un an.
Sur le terrain en Ukraine, neuf personnes de plus ont été blessées par des frappes attribuées à la Russie dans la nuit de dimanche à lundi : sept dans la région de Soumy (nord-est) et deux à Tchernihiv (nord).
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F.Schneider--HHA